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  • Boostée par la démocratisation des smarthphones…La e-Santé s’installe à la vitesse grand V.

  • Impossible aujourd’hui de passer à côté de la e-santé. Comprenez tous les services touchant de près ou de loin à la santé et accessibles via un ordinateur, un téléphone mobile ou une tablette informatique. Qu’il s’agisse du grand public ou des professionnels de santé, l’engouement pour cette nouvelle forme de médecine ou de conseil médical est général. L’Union européenne, qui a pris le train de la e-santé, a défini un plan d’action à l’horizon 2020 avec comme grandes lignes la prévention et la gestion des maladies chroniques, l’innovation dans les soins aux patients, la digitalisation des organisations de santé. Dans ce cadre l’UE envisage notamment de : créer un réseau européen de la santé et favoriser les échanges d’informations entre les professionnels des pays de l’Union européenne ; évaluer les actions, les thérapies les plus efficaces ; établir des standards pour la protection des données personnelles et les e-prescriptions. Les avantages mis en avant sont de plusieurs ordres : accès facilité à toutes les données du patient ; gain en temps et en qualité de service ; diminution des erreurs médicales ; amélioration des décisions de traitement et de diagnostic ; amélioration de la coordination entre les différentes organisations de la santé.

    Aisément accessible et à la portée de tous, la e-santé présente une offre très diverse. Les applications vont en effet du simple conseil de bien-être (régimes alimentaires, gestion du stress, sevrage tabagique…) au véritable outil d’aide au diagnostic médical ou d’analyse (test sanguins sans prélèvements, calcul des doses d’insuline…). D’après la Fondation des Nations-Unies, on peut distinguer six catégories d’applications dans le domaine de la santé mobile : éducation et sensibilisation ; téléassistance ; diagnostic et traitement de soutien ; communication et formation pour les professionnels de santé ; maladie et suivi d’une épidémie ; surveillance et collecte de données à distance. De quoi faciliter considérablement la tâche des médecins en matière de suivi des patients. Parmi les atouts majeurs du développement de la m-Santé (ou santé mobile), certaines innovations, telle que « la réalité augmentée ». Pour exemple, l’application « AR Training » qui permet de pratiquer des massages cardiaques : dans un premier temps, on visualise le malade grâce à la caméra de son iPhone, puis l’application montre à quel endroit il faut se placer et comment procéder aux bons gestes de survie. Une véritable révolution qui n’en est encore qu’à ses débuts...

    Les raisons de cet essor sont multiples. Tout d’abord, on le sait, les nouvelles technologies impulsent de nouvelles façons de vivre et donc de se soigner. Mis au service de la santé, ces outils démontrent leur efficacité en matière de prévention et de mise à disposition d’informations pratiques aidant à lutter contre la maladie. Ils offrent une grande palette de mise en forme de l’information médicale, allant d’un support purement informatif vers une démarche entièrement participative. Le patient devient ainsi acteur de son parcours de soin. Il apprécie au passage la liberté de ton et l’approche décalée de ces outils de prévention qui se veulent délibérément ludiques. D’après un rapport du cabinet d’audit PWC, 815 000 patients à risque de développement d’une maladie chronique pourraient ainsi détecter les symptômes plus tôt grâce à ces technologies. C’est dire si la m-Santé a un grand rôle à jouer en matière de prévention. En répondant aux défis que représente la demande croissante de diagnostics, de thérapies et d’accompagnement des personnes face au vieillissement, elle aura aussi nécessairement un impact sur l’accessibilité, la rapidité et la réduction des coûts de santé. Toujours selon le cabinet PWC, la m-santé pourrait en effet permettre à l’Europe d’économiser 99 milliards d’euros en dépenses de santé d’ici à 2017. Et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que les solutions de m-Santé influent sur le comportement des patients en les responsabilisant : ceux-ci font davantage attention à leur santé et développent moins fréquemment des maladies chroniques. Etant suivis à distance, les malades chroniques, quant à eux, se déplacent moins souvent à l’hôpital et sont pris en charge en amont en cas de décompensation, ce qui réduit à la fois le coût des traitements et la durée d’hospitalisation. Enfin, ces solutions permettent aux professionnels de santé d’avoir davantage d’informations sur l’état du patient, donc de proposer des traitements plus adaptés. L’étude de PWC évalue ainsi à 11,5 milliards les économies de dépenses de santé en France avec un déploiement à 100% de la m-Santé en 2017. Grâce à l’évitement des jours de travail perdus et des retraites anticipées, le PIB français augmenterait de 13 milliards d’euros.

    Si la m-Santé comporte des avantages indéniables en terme d’accès à l’information médicale et de transmission des données entre patients et professionnels de santé, sa vocation n’est évidemment pas de remplacer la consultation médicale. Néanmoins, elle peut aider chacun à mieux gérer sa santé, ce qui est déjà beaucoup. Du côté des professionnels de santé, ces solutions technologiques sont en passe de devenir des dispositifs médicaux véritablement intégrés à la pratique médicale : si en France, la part des smartphones occupe une place grandissante dans la pratique professionnelle et médicale, elle n’est pas encore devenue un véritable réflexe, contrairement à nos voisins d’Outre-Manche. Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) vient en effet d’accréditer l’iPhone/iPad comme outil mobile de lecture radiologique. De son côté, le National Heath Service (NHS) incite les médecins anglais à recommander des applications médicales à leurs patients. D’après une enquête mondiale conduite par l’Economist Intelligence Unit (EIU) pour PWC, l’adoption généralisée des mobiles dans la santé est considérée comme inéluctable par plus de la moitié des médecins et des patients dans les pays développés et émergents du monde entier. Au-delà des services développés en faveur des besoins quotidiens des patients, il semble même que la m-Santé ait de plus larges perspectives d’avenir : elle pourrait en effet toucher tous les internautes en recherche de solutions pour leur bien-être, le maintien de leur forme et de la recherche d’informations générales sur leur santé, les accompagnant dans une démarche positive et plaidant pour une meilleure hygiène de vie.

    Ariane Langlois

     

    La santé « connectée »

    La Commission européenne définit la e-santé (ou santé connectée) comme « l’application des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’ensemble des activités en rapport avec la santé ». Sont ainsi visés ordinateurs, smartphones, tablettes, télémédecine ainsi que les dispositifs technologiques de pointe mesurant et analysant les actes quotidiens. Ce concept peut se décliner en deux autres :

     • la m-santé. Cette déclinaison de l’e-santé consiste à user de terminaux mobiles au moyen d’applications. Les patients utilisateurs de ces nouveaux services sont appelés e-patients.

    L’internet santé. Il s’agit de médecine de réseaux qui permet notamment de gérer les informations entre professionnels de la santé, de partager des dossiers médicaux, de pratiquer la télésanté.

     • la médecine 2.0.  Pratique plus collective de la médecine  telle que la permettent les nouvelles  technologies connectées : internet, forums, blogs, twitter. Aux Etats-Unis où est né le mouvement de la médecine « 2.0 » sermo.com (réservé aux médecins)  compte ainsi plus de 125 000 membres.

    Apparu en Californie en 2007, le Quantified Self (auto-mesure de soi) consiste à mesurer des données relatives à son corps et à ses activités.  On trouvera ainsi quantité d’applications dédiées à cet usage : mesure des calories consommées dans le cadre d’un régime, fréquence cardiaque, pèse-poids, etc. Nouvelle venue, la technologie des bracelets connectés pour un suivi 24 heures sur 24 sans passer par le smartphone.

    Daniel Paré

    Typologie des services et sites de la e-santé*

     • Sites d'information/presse médicale   • Communautés de pharmaciens   • Sites d'information pour étudiants en médecine   • Communautés de médecins et services dédiés : outils (Vidal, Alertes sanitaires, etc.) ; sites (Cismef, moteur de recherche médical, etc.)   • Prise de rendez-vous avec un professionnel de santé   • Plate-forme de création de sites pour médecins   • Recommandations applis santé et bien-être (professionnels, grand public, mixte)   • Site de prestations médicales/soins   • Sites de conseils médicaux en ligne   • Vente de médicaments en ligne   • Solutions liées au choix de médicaments/observance/pharmacovigilance   • Sites autour de thèmes de santé publique (institutionnels : tabac info service, Reseau-chu, etc.)  • Suivi remboursement/frais/budgets liés à la santé   • Dossiers médicaux en ligne/suivi de ses indicateurs santé   • Guides de professionnels ou établissements de santé   • Sites d'associations de patients   • Communautés de patients   • Sites dédiés aux aidants   • Sites d'information/plate-forme/applis autour de pathologies   • Portails d'information santé grand public. D’après la typologie établie par Fabrice Vezin (lemondedelaesante.wordpress.com)

     

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