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  • Comme un levier contre toutes les pesanteurs

  • Le Développement professionnel continu (DPC) est né, en France, de l’unification de deux dispositifs : d’une part la Formation médicale continue (FMC), de l’autre l’Évaluation des pratiques professionnelles (EPP). La FMC et l’EPP sont devenues des obligations légales respectivement en 1996 et 2004. La loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) qui a instauré l’obligation du DPC en 2009 en formule comme suit les quatre principaux objectifs : « L’évaluation des pratiques professionnelles, le perfectionnement des connaissances, l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins ainsi que la prise en compte des priorités de santé publique et de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé » (article L. 4133-1). Alors que la FMC permet le « perfectionnement des connaissances » et que l’EPP assure l’échange et « l’évaluation des pratiques professionnelles », le DPC conserve ces composantes tout en les intégrant dans un cadre élargi. C’est en remontant aux actes fondateurs du DPC que l’on peut mesurer l’ampleur du chemin parcouru et les perspectives qu’il découvre. DPC est la traduction/transcription française de Continuing Professional Development. L’expression apparaît pour la première fois en 1984, dans une revue vétérinaire. La pierre DPC a pour ainsi dire été jetée dans l’eau, et elle a fait des vagues. En 2003, le Collège royal des gynécologues obstétriciens dresse un schéma du DPC. L’année suivante, Américains et Européens en établissent une charte et il devient obligatoire au Canada à partir de 2007. Mais c’est dès 2001, dans sa déclaration de Bâle, que l’Union européenne des médecins spécialistes élargit notablement le champ du DPC par rapport à la FMC. Le DPC répond aujourd’hui, en France, à une définition précise, appropriée à —et appropriable par— tous les acteurs concernés. Le Collège de Médecine générale insiste sur le caractère « réflexif » de la démarche. Chacun est appelé à faire le point sur sa propre pratique et à développer tout au long de sa vie professionnelle ses compétences et ses performances. Dans la mesure où le DPC place le médecin au centre de son dispositif, comme le patient est au centre du système de soins, le « P » de DPC se lira à bon droit comme l’initiale à double détente de « professionnel » et de « personnel ». Comme on pourra le comprendre, le DPC, tant dans sa mise en œuvre que dans son évaluation, engage plus étroitement encore que la FMC la responsabilité de chaque professionnel.

    Avant d’aborder la question plus en profondeur, nous aimerions lever une possible équivoque. La responsabilité médicale comptant déjà parmi les plus lourdes et les plus difficiles à porter qui soient, les médecins ne doivent-ils pas craindre que le DPC rendît la charge écrasante ? Dans le volet qui suit, nous aimerions établir qu’il n’en est rien. Le poids du DPC n’a en effet rien de commun avec celui d’un fardeau. Il équivaut très exactement à celui que pèsent armes et bagages. Poids qui, comme celui de la masse musculaire, aide à soulever tous les autres. Poids qui dans le dispositif d’Archimède revient au levier, et qui permettra au praticien de repousser chaque jour davantage les pesanteurs de la maladie comme le poids —poids mort— de l’autre monde. 

    Daniel Franco

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