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  • Des outils au service d’une approche individualisée du DPC

  • Si au fil du temps les termes ont changé —EPU, FMC, EPP—, sur le fond, ce sont essentiellement les méthodes qui ont évolué. Les besoins de formation et d’entretien des compétences des médecins et, plus généralement, de tous les professionnels de santé, restent inchangés. Le développement exponentiel des données et des sources et moyens d’information pose la question incontournable de l’évaluation de leur qualité.

    Regroupant dans une approche globale les précédents concepts de formation et d’évaluation des pratiques, le DPC, par définition, est délibérément centré sur l’individu dans une démarche réflexive, c’est-à-dire s’appuyant sur « l’agir profes­sionnel tel qu’il se manifeste dans la pratique plutôt qu’à partir des savoirs qui le fondent »1. Il associe regard sur la pratique, analyse partagée de ces pratiques, au mieux entre pairs ou en groupes multidisciplinaires ou multiprofessionnels, confrontation aux données actuelles de la science, définition des mesures de renforcement ou d’acquisition de nouvelles compétences, et suivi de  la mise en œuvre de ces mesures. Le DPC recouvre l’ensemble des champs de la pratique et de l’organisation du professionnel dans son contexte local et au sein du système de santé. Il doit ainsi permettre une dynamique de recherche de compétence directement ancrée dans la réalité de l’exercice professionnel2.

    Parallèlement se développent de nouveaux modes d’organisation des soins primaires —cabinets de groupes, maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), pôles de santé, réseaux, sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA), parmi d’autres, où chaque acteur devra trouver sa place dans une approche globale multidisciplinaire du patient et de la santé. Au sein de chacune de ces structures plus ou moins formelles, le DPC reste avant tout celui de chaque professionnel en particulier compte tenu de sa propre auto-évaluation en continu de ses compétences personnelles3. Mais les nouveaux modes d’exercice offrent un cadre idéal pour, d’une part, la mise en commun des pratiques, d’autre part, l’organisation professionnelle, la gestion d’équipes, les coopérations interprofessionnelles, voire l’implication collective dans les nouveaux champs de la santé que sont la prévention et  l’éducation thérapeutique.

    Dans ce contexte, l’objectif d’un organisme agréé de DPC tel que l’Unaformec avec le concours de sa société scientifique, la SFDRMG, est de mettre à disposition des professionnels et/ou des diverses formes de regroupements mono ou pluridisciplinaires les outils utiles à la mise en œuvre du DPC, quels qu’en soient les aspects réglementaires :

    • Données validées et régulièrement actualisées  de la science ;

    • Outils d’aide à la décision en pratique quotidienne ;

    • Accompagnement méthodologique s’appuyant sur des méthodes référencées ;

    • Accompagnement administratif en vue de répondre aux exigences définies par les textes lorsque ceux-ci seront connus.

    • Aide à la mise en œuvre pratique du DPC.

    Deux types d’approches sont à considérer :

    > Mise à disposition directe de documentation et d’outils :

    • Ressources documentaires pour aide à la recherche et à la publication ;

    • Synthèses documentaires - Bibliomed®, Médecine®, dossiers documentaires thématisés sur lesquels s’appuyer aux différentes étapes de la mise en œuvre du DPC : Analyse des points clés ; Confrontation aux données issues des pratiques individuelles à partir de recueils de pratique, analyse de dossiers, études de cas pour comprendre et rendre explicite ce qui constitue les bases pragmatiques de la compétence professionnelle ; définition de statégies en vue de conforter les  pratiques déjà mises  en œuvre ou les éventuelles mesures correctrices nécessaires ; définition in fine des modalités et critères d’évaluation en vue d’une démarche continue de qualité des soins et de sécurité des patients.

    > Démarche transversale en réseau. Soutien pédagogique, scientifique et logistique à la mise en œuvre d’une démarche de DPC participative et collaborative dont le primum movens sera le regard sur les pratiques pour :

    • identifier les situations à problèmes dans la pratique journalière ;

    • définir la ou les questions posées par ces situations ;

    • rechercher des réponses validées, au mieux dans une démarche d’analyse par­tagée en groupe d’échange de pratique ;

    • partager cette production avec la communauté professionnelle.

    Réflexivité et analyse partagée

    Les nouvelles technologies de communication offrent une opportunité pour à la fois la collecte des données scientifiques et outils nécessaires à titre individuel et collectif et pour un partage de ces données et des « expertises » individuelles. Le principe d’une encyclopédie ouverte de type « wiki »4  peut répondre pleinement à ces objectifs.

    L’objectif est de mettre à disposition de l’ensemble de la communauté médicale des réponses courtes et argumentées aux questions directement issues de la pratique : « à portée de click » immédiat au cours même de la consultation.

    Le moyen est celui d’une écriture collaborative avec des pages modifiables par les visiteurs sous contrôle d’un administrateur ayant lui-même une formation spécifique à la lecture critique et écriture scientifique. L’apport collaboratif d’un maximum de professionnels sous la forme de mini-notes de lecture argumentées et référencées selon les principes de l’EBM permet une véritable « expertise collective » sous la responsabilité d’un comité de rédacteurs travaillant selon les règles habituelles d’une société scientifique de médecine générale. La procédure ainsi mise en œuvre répond parfaitement aux concepts de « réflexivité » et « analyse partagée », fondements du DPC.

    Un outil personnel

    De nouveaux outils doivent par ailleurs assurer au professionnel qui le souhaite de se créer un espace personnel5 pour :

    • un accès aux outils directement utiles pour sa pratique (outils d’aide au diagnostic et à la décision, fiches d’information patient…) qu’il aurait sélectionnés en vue de sécuriser et d’améliorer son confort d’exercice ;

    • une valorisation de ses efforts personnels de DPC, avec justification « automatique » si besoin en fonction du contexte réglementaire éventuel, par l’autogestion d’un « portefeuille personnel d’actions » où figureraient, à sa seule initiative, un recensement de ses besoins au vu de ses pratiques, ses objectifs, son suivi de son plan personnel de DPC.

    L’Unaformec a choisi aujourd’hui de se positionner délibérément dans cette nouvelle représentation de l’accompagnement des professionnels pour la valorisation et la sécurisation de leurs pratiques, et la justification de leur engagement dans une démarche de DPC, si toutefois un jour obligation il devait y avoir !6   

    Dr Yves Le Noc,
    ancien Médecin généraliste,
    Président de la Société scientifique de documentation et recherche
    en Médecine générale (SFDRMG)

     

    1. Schön DA. Le praticien réflexif (traduction Jacques Heynemand et Dolorès Gagnon). Paris: Logiques; 1997.

    2. Collège de la médecine générale. Le DPC et ses modalités : enjeux, définition, méthodes. 2012. www.lecollegedelamedecinegenerale.fr/dpc120605.pdf

    3. Vallée JP, Drahi E, Le Noc Y, pour le groupe de travail de  SFDRMG. Développement professionnel continu : habits neufs pour vieux concepts ? Médecine. 2010;6(1):31-7.

    4. Site web dont les pages sont modifiables par les utilisateurs et vue de permettre une écriture et une illustration collaborative (source Wikipedia).

    5. Espace personnel dédié en ligne, mon bureau personnel Unaformec [MBPU].

    6. A la date de rédaction la réglementation tant annoncée et attendue reste encore des plus floues.

     

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