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  • Expertise généraliste-La compétence du premier recours et la vision transversale

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    Il y a plusieurs raisons à proposer une expertise généraliste dans les formations : dans le circuit de premier recours, les patients ne sont pas les mêmes que ceux vus par les spécialistes, a fortiori par les hospitaliers. Ce truisme a d’importantes conséquences, y compris en terme de stratégie thérapeutique. Le regard de l’expertise généraliste est donc indispensable pour recadrer les apports des référents spécialistes. L’expert généraliste n’est pas un spécialiste qui s’ignore, il est porteur de la compétence du premier recours. Il manque parfois au spécialiste d’organe une vision sur la  transversalité de la prise en charge et la nécessaire hiérarchisation des priorités qui est une des spécificités de la médecine générale. L’expert généraliste permet de faire un pont entre les participants et les autres experts, parce qu’ils peuvent s’identifier à sa pratique. Il a pris le temps d’approfondir le sujet, de lire en détail les publications et d’avoir un regard plus vigilant sur sa pratique.

    Une démarche qui s’inscrit dans le temps. Historiquement, la médecine générale a souffert du « complexe du non-spécialiste ». Ce sentiment a été aggravé par le faible nombre de publications ou de travaux de recherche en médecine générale si on les rapporte à la variété des modes d’exercice et des pathologies prises en charge. Il est même probable que la multiplicité des motifs de consultation et des situations abordées en médecine générale ait pu constituer un frein à ces travaux de recherche, les rendant moins facilement sujets à systématisation.

    Le complexe du MG à occuper la place d’expert. L’absence de réel département universitaire de médecine générale, la complexité de la pratique de cette discipline et une définition floue de l’exercice de premier recours ont participé a la difficulté de faire émerger une expertise généraliste.

    Des domaines d’expertise spécifiquement pluridisciplinaires se sont retrouvés cantonnés à certains spécialistes :

    - la prise en charge et la compréhension des addictions a souvent été le domaine réservé des psychiatres ou des endocrinologues ;

    - le problème de la souffrance au travail, celui des psychiatres ou des médecins du travail ;

    - le dépistage des troubles du développement du nourrisson, celui des pédo-psychiatres ;

    -le suivi des grossesses domaine réservé des obstétriciens.

    La compétence et l’implication de ces confrères ne sont pas en cause mais les participants nous parlaient souvent avec une impression de « décalage » entre leurs préoccupations quotidiennes et la vision technique spécialisée, qui ne prenaient pas en compte les spécificités de leur exercice.

    Les remèdes.

    -Une autre définition de l’expertise généraliste. L’expert généraliste n’est pas celui qui connaît un sujet aussi bien qu’un spécialiste d’organe et qui peut faire l’exposé à sa place.  C’est celui qui a analysé la littérature sur un thème, intégré cette réflexion dans la lecture de sa pratique et repéré quelles sont les attentes des généralistes sur ce thème.

    -Intégrer cette notion d’expertise généraliste dans nos projets de formation. Partant de ce constat, il convient d’intégrer l’expertise généraliste dans les formations. Et c’est ce que nous faisons, pour notre part, dans la plupart des séminaires organisés par FMC-Action.

    - Associer les expertises. Il faut associer autant que possible les expertises généraliste et spécialiste. Ces doubles expertises ne se placent pas en concurrence l’une de l’autre mais en complémentarité. Augmenter le nombre de points de vue permet aux participants de repartir avec une boite à outils encore mieux garnie. L’apport généraliste permet, bien souvent, de renforcer l’impact et la pertinence de l’expertise spécialiste en la replaçant dans un contexte transversal (prise en compte des autres problématiques du patient) et longitudinal (intégrer dans le temps et le suivi du patient).

    -Assurer une formation interne pour ces experts. Une fois les besoins en expertise établis, il convient de miser sur la formation des intervenants, recrutés aussi bien parmi des organisateurs chevronnés que parmi les nouveaux médecins formateurs.

    S’agissant des séminaires de FMC-Action la réponse s’est articulée sur deux axes :

    • l’apport de nos amis généralistes-enseignants a été déterminant, permettant une démarche de formalisation de l’expertise (recherche documentaire et bibliographique, repérage des objectifs pédagogiques, mise en forme des exposés, techniques pédagogiques) et le développement de séminaires spécifiques avec un programme associant le rappel des bases de la médecine fondée sur les niveaux de preuve (Evidence Based Medicine), la maîtrise d’une constitution de bibliographie sur un thème donné, l’aisance dans le maniement de présentations orales ou visuelles et la maîtrise de l’expression orale en public ;

    • la formation continue interne par mutualisation des contenus de communication. Ce point s’est vite avéré indispensable de par la diversité des lieux de formation et l’outil informatique développé à cet effet permet aux experts une réelle mutualisation des outils, des compétences et des savoir-faire. Notre « formato-expertothèque » est maintenant riche de dizaines d’outils pédagogiques que chaque organisateur ou expert peut s’approprier.

    Dr Christian Mallemont, FMC-Action

     

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