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  • Harcèlement au travail-Quand le médecin panse les maux de la société

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    Le mobbing : quelques chiffres. 

    Le harcèlement au travail —mobbing en anglais et dans certains articles de la littérature française— est fréquent : selon une étude menée en Alsace, 9,5 % des salariés en seraient victimes. Selon une autre étude du ministère du Travail (mars 2008), 17 % des salariés déclarent être l’objet d’un comportement systématiquement hostile de la part d’une ou plusieurs personnes dans leur travail. Pourtant, certaines victimes n’en ont pas conscience mais le médecin est amené à retrouver une augmentation significative des problèmes de santé physique ou psychique chez ces victimes, une augmentation des conduites addictives et une consommation de psychotropes multipliée par un coefficient variable de 4 à 10. Pour le médecin, la connaissance de ce problème est primordiale : elle va lui permettre d’être en situation de pouvoir le dépister puis de conseiller le patient dans ses démarches afin de le guider vers la réparation et la guérison.

    Se méfier des situations de déni.

    La notion de « harcèlement au travail » est très médiatisée depuis quelques années mais cette entité n’est pas enseignée à la faculté en formation initiale et il n’existe pas encore de recommandation officielle concernant sa prise en charge. Sa méconnaissance par la plupart des médecins, dont les médecins généralistes, qui sont souvent les médecins de premier recours dans ces situations, peut nous exposer à des risques judiciaires et fait peser sur le patient le risque d’une mauvaise gestion de sa souffrance et donc une aggravation de ses troubles. Connaître les grandes lignes de la législation en matière de santé au travail et de harcèlement moral, du suivi et de la réparation du dommage va permettre au médecin de mieux accompagner son patient vers un mieux-être psychologique et physique et de le guider dans ses démarches éventuelles.

    La souffrance au travail fait souvent intervenir plusieurs professionnels de santé : psychiatre, médecin conseil, médecin du travail ou d’autres professionnels (par exemple le rhumatologue en cas de polyalgies). Le médecin traitant doit centraliser le dossier médical et donner toutes les informations nécessaires à ses correspondants sur tout fait nouveau qui concerne son patient, et peut donc avoir une conséquence positive ou négative sur son état de santé. La coordination et le suivi « transversal » du médecin traitant ont un intérêt encore majoré dans ce type de pathologies : en effet, la probabilité de perte de temps et de chances est d’autant plus marquée que le patient est en situation de déni de sa souffrance au travail et la floraison de multiples plaintes diverses et polymorphes, si elles ne sont pas regroupées, contribuera à entretenir ce déni.

    La formation. La multitude de facettes de ce problème, aux limites de la maladie professionnelle, du juridique, de la psychologie et surtout de la médecine générale peut susciter l’intervention d’experts aussi divers qu’un avocat, un inspecteur du travail, un médecin du travail ou un psychologue du travail, un psychiatre, un représentant d’association et un expert généraliste.

    On peut proposer comme objectifs de formation de :

    -connaître le contenu des principales législations en matière de harcèlement au travail ;

    - dépister les problèmes de harcèlement au travail ;

    -conseiller et accompagner un patient victime de mobbing ;

    -prévenir les complications médico-psychologiques liées au harcèlement ;

    -connaître les procédures de réparation.

    Par le biais d’exposés d’experts, d’études de cas cliniques et de jeux de rôles, la formation permet de reconnaître les symptômes qui doivent faire rechercher une pathologie liée au travail, de savoir convaincre de l’utilité de faire intervenir le médecin du travail ou un avocat. Par ailleurs, chaque participant est rendu attentif à la manière de se protéger, car en cas de procès de l’employé souffrant, ses prescriptions, courriers et autres certificats mal rédigés peuvent être attaqués par la partie adverse.

    La formation permet de faire tomber de nombreux tabous et idées reçues. En outre, elle donne souvent lieu à des débats surprenants et inattendus entre experts et participants, mais offre surtout aux médecins des pistes pour remettre une victime de harcèlement sur le chemin de la guérison et de la réparation, ce qui pourrait être l’objet de toute formation...

    Dr Stéphane Granat 

    FMC-Action

     

     

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