En juin 1991, une circulaire institutionnalise les réseaux ville-hôpital de prise en charge commune ville-hôpital des personnes atteintes par l’infection à VIH/Sida. A la suite de la loi du 4 mars 2002, les réseaux sont reconnus comme un des outils de l’offre de soins, un des nouveaux acteurs de l’organisation de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH. Un programme coordonné de formations pluridisciplinaires ouvertes à l’ensemble des acteurs des réseaux est mis en place, avec le soutien de la DGS, sur plusieurs sites dès 1992.

Une étude d’évaluation et d’analyse de l’impact de ce programme et des modifications des pratiques est réalisée. En 5 ans, les réseaux ville-hôpital VIH, s’appuyant sur les associations locales de F.M.C., ont permis à plus de 2 000 intervenants de participer à des formations communes (rencontres, échanges de pratiques, séminaires, soirées, carrefours). Il s’agit de médecins, (libéraux/salariés, ville/hôpital, généralistes/spécialistes), de travailleurs sociaux, de psychologues, d’équipes hospitalières, d’intervenants associatifs et institutionnels. Ces actions ont été marquées de succès parce qu’elles ont été soutenues et accompagnées par des « passeurs » : médecins spécialistes (infectiologues, virologues, immunologistes, psychiatres, etc.), méthodologistes (médecins de santé publique, sociologues, anthropologues, psychologues, etc.), formateurs en travail social, intervenants associatifs, représentants institutionnels, collectivités locales. Les besoins des personnes en souffrance ont évolué, le cadre institutionnel a lui aussi été modifié, les réseaux de santé sont toujours là, nous devons continuer à les aider à répondre à leurs missions. Les formations transversales et participatives restent un outil prioritaire.

Les réseaux sont un des seuls espaces d’innovation encore ouverts dans le champ de la santé, donnons-leur de l’oxygène. Pour rompre les nouvelles logiques de résultats et de la compétition porteuses d’individualisme, reprenons les chantiers du « faire ensemble en proximité » dont les braises sont encore chaudes, invitons les jeunes générations à utiliser cet outil remarquable que sont les formations interdisciplinaires, aidons-les à apprendre eux aussi à travailler ensemble.

Dr Bernard Elghozi