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  • L’open data à la recherche de son point d’équilibre

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    La gestion des données de santé, si elle permet une médecine à la fois prédictive et personnalisée, n’est pas sans poser question. A l’heure où le « big data » migre vers l’ère de l’open data, certains craignent que l’anonymisation des données de la base SNIIRAM1 ne soit qu’un vaste mensonge, la protection des données n’étant pas garantie en dépit des techniques de protection mises en place. De leur côté, les professionnels de santé peuvent s’inquiéter de la reconstitution de leur chiffre d’affaires par recoupement des données. Enfin, les individus sont en droit de s’interroger sur le flux de leurs données personnelles et la possible utilisation de ces dernières par des organismes autres que médicaux. Autant de sujets qui méritent une plus grande transparence, qui serait bénéfique en tout premier lieu aux malades…

    Devant le risque de ré-identification des données de santé, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a fait un point en juillet dernier, posant ainsi les bases de l’article 47 de modernisation de notre système de santé. L’organisme a ainsi étudié les conséquences de l’open data en matière de santé et de l’extension de la mise à disposition de ces données en s’appuyant sur les garanties de confidentialité apportées par l’article 47 du projet de loi Santé. Il s’appuie sur l’annexe 9 du rapport de l’open data publié en juillet 2014, relative aux risques de ré-identification, et qui critiquait « la diffusion mal contrôlée des données hospitalières du PMSI exhaustif ». Le rapport pointe la nécessité d’assurer l’anonymat des données en open data et le besoin de protéger les données dont l’anonymat ne peut être garanti même après avoir été désidentifiées. Il s’agit alors de déterminer quels sont les jeux de données issues des bases médico-administratives publiables, en fonction des contenus ou des usages requis par le public, en s’assurant de leur anonymisation complète, sous le contrôle de la CNIL, qui pourra valider un procédé d’anonymisation.

    VERS UNE OUVERTURE RAISONNEE

    DES DONNEES DE SANTE

    Plus récemment, un open data de santé a été organisé dans le cadre de la loi Santé votée le 17 décembre dernier. Une décision fondée sur le débat relatif à l’open data en santé, appuyé par la mission Etalab2, lancé par la ministre de la Santé et des Affaires sociales ainsi que sur le rapport Bras, remis en octobre 2013. A noter que l’ouverture de ces données publiques s’inscrit dans le cadre de la transformation numérique de l’État, laquelle s’accompagne d’une politique stratégique de la donnée. La loi cherche ainsi un équilibre entre la protection de la vie privée et l’ouverture des données pour créer le meilleur impact économique et social possible. En effet, une plus grande transparence dans la gestion et la diffusion de ces données permettrait un contrôle accru des citoyens, notamment sur les dépenses de santé et la pertinence de certaines prescriptions, pour le plus grand intérêt des malades. La loi vise ainsi  à « ouvrir au public les jeux de données complètement anonymes, multiplier les jeux de données anonymisées (et au passage permettre la réutilisation des données produites par l’Assurance maladie sur les professionnels de santé) ; de même, elle autorise le traitement des données comportant un possible risque de ré-identification, mais uniquement pour les projets d’intérêt public et dans des conditions garantissant le respect de la vie privée des personnes »3.

    Cela devrait s’effectuer sous une gouvernance unique, le Système national des données de santé (SNDS), qui assurera un appariement entre les bases de données de la CNAM (SNIIRAM, PMSI), le registre national des décès, des données sur le handicap et un extrait représentatif de données sur l’assurance. Néanmoins, ces données ne donneront aucune information directement identifiante et c’est la CNAM qui sera chargée de maintenir le système et notamment d’apparier ces données entre elles. Pour organiser cette gouvernance et l’ouverture de ces données, l’actuel Institut des données de santé (IDS) va se transformer en Institut national des données de santé (INDS) avec, de fait, des missions élargies. Il deviendra ainsi une sorte de guichet unique pour orienter les demandes d’accès aux données de santé, l’autorisation de la CNIL restant de mise pour le traitement des données à risque de ré-identification.

    Frédérique Guenot

     

     

    1.              Système national d’informations inter-régimes de l’Assurance maladie

    2.              Blog de la mission Etalab

    3.              Service du Premier ministre chargé de l’ouverture des données publiques et du développement de la plateforme française open data, la mission Etalab coordonne, au sein du secrétariat général pour la Modernisation de l’action publique, l’action des services de l’Etat et de ses établissements publics pour faciliter la réutilisation la plus large possible de leurs informations publiques.

     

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