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  • Les réseaux dans la région Centre : Entre reconnaissance et budgets en stagnation…

  • Les premiers réseaux de santé recensés en région Centre remontent aux années 90, sur les thématiques du VIH et de la précarité. En même temps se sont développés des réseaux médico-sociaux. Si les réseaux construits autour de la prise en charge d’une pathologie (ou de malades atteints d’une pathologie) ont été le plus souvent initiés par des médecins, de nombreux réseaux médico-sociaux sont nés d’une manière informelle, autour de pratiques de travailleurs sociaux, ou de CCAS (Centres communaux d’action sociale), voire d’institutions comme les conseils généraux. Tous ces réseaux sont nés du constat des insuffisances du système existant, qu’il soit médical ou médico-social. Dans la plupart des cas, ces premiers réseaux ont été soutenus par les institutions, qu’il s’agisse des DRASS, des services hospitaliers ou des conseils généraux, voire des caisses d’Assurance maladie. La modestie des premiers financements a fait reposer leur fonctionnement sur le bénévolat et le militantisme. Les premiers financements importants ne sont apparus qu’avec les circulaires concernant les réseaux villehôpital VIH et les réseaux « précarité ». Derrière le mot « Réseaux » il existait plusieurs réalités :

    •des réseaux médico-sociaux de proximité, majoritairement animés par des travailleurs sociaux, avec la participation souvent active des CCAS, des associations d’aide et d’insertion, voire d’associations de quartier. Leur objectif était la cons truction de diagnostics partagés à l’échelle d’un territoire (souvent un quartier ou une commune) pour coordonner les actions ou en initier ;

    • des réseaux ville-hôpital, le plus souvent en fait hôpital-vllle, initiés par des services hospitaliers, et fonctionnant comme des pôles de référence, pour structurer des filières de soin homogènes ;

    • des réseaux de santé, organisés autour d’une pathologie comme le diabète, destinés à coordonner les soins aux personnes malades, développer des protocoles coopératifs et l’éducation thérapeutique. Ces réseaux ont ressenti le besoin de se rencontrer, d’échanger, de mutualiser les innovations qui se construisaient au jour de jour. Ils se sont retrouvés dans la Coordination nationale des Réseaux, et rapidement une coordination régionale s’est mise en place. Mais cette dernière n’a pas été reconnue par les institutions, et, notamment, pas par le FAQCSV qui se mettait en place en 2002. Avec le FAQSV, en 2001, il est devenu possible de financer des expérimentations, dont des réseaux d’un nouveau type. Dans notre région sont nés ainsi des réseaux diabète, soins palliatifs, notamment. Le choix régional a été de financer des réseaux abordant des priorités de santé publique. Mais une des particularités du Centre est d’avoir le plus grand territoire en surface, des zones rurales semi-désertiques avec des habitats très dispersés, et la densité médicale la plus faible de France après la Picardie. Cela ne s’est pas accompagné de financements supplémentaires, bien au contraire, puisque le financement du FIQCS dans notre région, par habitant, est le plus bas de France. Quel est l’avenir des réseaux de notre région ? Les financements du FIQCS n’évoluent pas, et les réseaux fonctionnent avec des budgets constants depuis plusieurs années, ce qui freine leur développement. Avec la loi HPST, de nouvelles orientations sont proposées aux réseaux : • mettre en place des coordinations territoriales, mais des moyens sont nécessaires, qui ne semblent pas avoir été prévus ;

    • participer à la mise en œuvre d’un dossier médical et des réseaux à l’échelle régionale, communiquant et partagé dans la région, soutenu par l’ARH et maintenant l’ARS. Ce sont les réseaux diabète qui vont en être les premiers utilisateurs fin 2010 ;

    • expérimenter les Plans personnalisés de santé (PPS). Ici encore, ce sont les réseaux diabète, les plus organisés de la région, qui seront en première ligne. Le travail des réseaux est donc reconnu dans notre région. La loi HPST va nécessiter des changements en profondeur. Il nous manque encore une Union régionale des Réseaux de santé.

    La formation, un ciment pour les réseaux

    La culture de réseaux repose sur quelques principes simples : •des valeurs communes : elles ont pour nom respect des modes de fonctionnement des autres, humilité, respect de la personne ; • le diagnostic partagé : les professionnels qui vont travailler ensemble ont besoin d’une grille de lecture commune des situations qui sont à l’intersection de leurs pratiques. Il s’agit de réaliser un diagnostic des situations, qu’elles soient médicales, sociales ou du champ de la santé en général, avec des regards différents, qui arrivent tous à une vision distincte, mais permettent une synergie d’action ; •le travail coopératif : les professionnels connaissent les limites de leur champ d’action, mais connaissent aussi les compétences des autres. Le travail coopératif ne peut débuter qu’à ce moment, lorsque la confiance naît de l’abandon des craintes et des pouvoirs. A partir de ces concepts, nous avons construit et structuré nos réseaux. La formation a toujours été un temps essentiel de cette construction, permettant à des professionnels de culture différente, vivant souvent dans la méfiance voire la défiance des autres, de modifier leurs représentations. Ces formations se sont le plus souvent articulées autour d’analyses de cas, et de constructions communes de stratégies. Beaucoup de ces formations ont été des formations-actions, permettant de mettre en œuvre très concrètement les projets des réseaux. Elles ont été pour beaucoup le moment de construire les évaluations des actions, en élaborant en même temps l’action et son évaluation. La formation reste, souvent plus de 10 ans après la création d’un réseau, un moment essentiel de rencontre et d’amalgame de nouveaux membres. C’est souvent à travers les formations que les réseaux recrutent. Enfin, ces formations restent un moyen d’enrichir la réflexion collective, avec des intervenants extérieurs, souvent eux-mêmes acteurs de réseaux.

    Eric Drahi, Réseau Diabolo (Diabète Orléans-Loiret), SFDRMG

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