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  • Pour bien préparer sa retraite...

  • TLM : Quelle stratégie préconisez-vous pour préparer sa retraite ?

    Denis Baguelin : Il faut s’y mettre assez tôt. Les nouvelles générations sont à cet égard bien plus sensibilisées que leurs aînées. Un bilan retraite régulier est également indispensable car les stratégies à mettre en œuvre varient selon l’époque et l’âge. Des solutions autrefois justifiées sont aujourd’hui caduques. Ainsi pouvait-on hier se constituer une retraite complémentaire en valorisant sa patientèle : on vendait un droit de présentation à un jeune praticien. Or ce n’est plus vraiment possible aujourd’hui car, du fait de l’évolution de la démographie médicale, l’offre excède largement la demande. Un conseil : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

    TLM : De quelles solutions alternatives dispose donc le médecin ?

    Denis Baguelin : Premier levier, son local professionnel, à condition bien entendu qu’il en soit propriétaire. Ce local, qui est son outil de travail, est doté d’une valeur marchande. On ne saurait donc trop conseiller de l’acheter au plus tôt, ce qui permet, la retraite venue, d’en tirer un capital en le revendant ou des revenus en le louant. Deuxième levier, le contrat de prévoyance. Il permet au praticien, lorsqu’il est forcé d’interrompre son activité pour raison de santé (accident ou maladie), de percevoir des indemnités journalières, qu’il n’aura donc pas à puiser dans son épargne de précaution. La souscription à ce type de contrat est liée à l’état de santé, elle sera donc d’autant plus avantageuse et accessible qu’elle aura été précoce, à l’âge où l’on est en bonne santé. Ajoutons que les indemnités mensuelles de revenu et pour frais professionnels du contrat de prévoyance sont déductibles de la feuille d'imposition 2035. Il s’agit donc là d’un dispositif intéressant, voire indispensable, même s’il n’est pas obligatoire.

    Troisième levier, l’épargne de précaution. On la constitue au travers d’un contrat d’assurance-vie, d’un livret à la banque ou de tout autre support permettant de constituer une épargne qui présente l’avantage d’être disponible, sous réserve de contraintes fiscales pour des dépenses au fil de l’eau : achat d’un véhicule, financement des travaux de la maison, de la scolarité des enfants, etc. Là aussi l’objectif consiste à se donner les moyens d’éviter d’avoir à puiser dans son épargne retraite.

    Dernier levier enfin, la retraite par capitalisation laquelle se décline selon deux dispositifs spécifiques : le contrat Madelin et les solutions de retraite collective. Le contrat Madelin, créé par décret en 1994, a comme objectif d’inciter les travailleurs non salariés à se constituer une retraite complémentaire au travers d’une incitation fiscale : les cotisations versées sur ce contrat sont là aussi fiscalement déductibles. Ce contrat permet ainsi de se doter d’une retraite supplémentaire, en complément de la retraite de base et des cotisations à la CARMF. Ce dispositif fonctionne bien. Aujourd’hui il représente un placement très prisé par les travailleurs indépendants –45 % en possèdent un. Le deuxième dispositif s’inscrit dans une logique collective, il concerne les médecins en activité qui ont au moins un salarié. C’est ce qu’on appelle le Plan d’épargne retraite collective interprofessionnelle (PERCOI). Il permet aux salariés mais également au titulaire –l’employeur– de bénéficier d’une épargne. Pour prétendre au PERCOI, ce dernier doit être obligatoirement associé à un Plan d’épargne inter-entreprise (PEI). Il s’agit d’un dispositif fiscal qui permet de se constituer une épargne déductible de charge sociale et d’avantages fiscaux.

    Plusieurs solutions existent donc. Il faut savoir ne pas s’en tenir à une seule et les associer en fonction de son cas spécifique, d’où l’intérêt d’un bilan qui aidera, au regard de sa situation personnelle et professionnelle, le praticien à choisir les meilleurs options d’épargne retraite.

    TLM : Comment se pose le cas des médecins partant actuellement à la retraite ?

    D. Baguelin : Ces praticiens auront donc cotisé durant toute leur vie professionnelle et se seront, pour la plupart, constitué un patrimoine immobilier. Ils ont toujours la possibilité de racheter des points de retraite –en fait des trimestres– de façon à se doter d’un complément de retraite. Ce rachat qui bénéficie d’incitations fiscales est de plus en plus courant. Mais attention ! on ne rachète pas des trimestres une fois à la retraite. Il faut le faire avant. Il est peu intéressant de souscrire un contrat Madelin à 55 ans puisque la cotisation sera faible et l’effet de levier diminué d’autant. Il faut plutôt s’orienter vers l’investissement locatif ou vers l’assurance-vie laquelle est un moyen de disposer de liquidités tout en défiscalisant une partie de son épargne.

    TLM : Les médecins peuvent aussi cumuler retraite et activité libérale…

    D. Baguelin : Effectivement, et il peuvent le faire intégralement. Mais à cela au moins trois conditions : être âgé d’au moins 65 ans, avoir le nombre de trimestres requis et avoir fait valoir ses droits auprès de la caisse de retraite. Mais la première question que le médecin doit se poser à l’heure de la retraite est de savoir s’il ne pourrait se satisfaire d’un revenu mensuel inférieur – représentant entre 35 et 50 % des derniers revenus—, alors que les principaux frais de la vie courante n’ont plus à être assumés : il est propriétaire de sa résidence principale et de son véhicule, à quoi s’ajoute parfois un investissement locatif. Il est clair que la réponse est loin est d’être toujours simple. C’est pourquoi à la MACSF nous préconisons de réaliser un bilan d’assurance retraite au maximum  tous les trois ans.

    Propos recueillis par le Dr Bernard Maruani

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