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  • Une démarche permanente et naturelle

  • TLM : Le DPC est souvent perçu comme une procédure complexe, qu’en pensez-vous ?

    Dr Marcel Tobelem : La pédagogie c’est au sens étymologique ce qui a trait à l’éducation de l’enfant. Par extension c’est transmettre un savoir par des méthodes adaptées à un individu ou à un groupe d’individus. Il s’agit donc pour le pédagogue d’utiliser les méthodes adéquates pour présenter le DPC. Pour transmettre la notion de DPC aux médecins, qui souvent font état de leur méconnaissance ou de leur embarras, il faut poser les principes de base, lesquels sont relativement simples. Il s’agit, à partir d’une pratique individuelle :

    • de déterminer ses lacunes et ses besoins au regard d’une référence ;

    • de se former, si nécessaire, pour combler les manques constatés ;

    • de vérifier à distance l’impact de la démarche sur sa pratique.

    D’aucuns penseront que c’est ce qu’ils font déjà. La réflexion menée au plan international qui a abouti au DPC a permis de structurer la démarche pour en faire un outil commun. Le DPC, développement professionnel continu, a très vite, pour beaucoup et il faut s’en féliciter, signifié aussi développement personnel continu. Il recouvre l’ensemble de la pratique du médecin, c’est-à-dire, non seulement ses savoirs, mais ses savoir être et savoir-faire, en n’oubliant pas les aspects relationnels, juridiques ou sécuritaires. Cela posé, il serait tout à fait dommageable de ne pas trouver les mots et les méthodes simples capables de lever les réticences ou les doutes. Et je souligne que les atermoiements législatifs ont déjà créé un tel climat d’incrédulité et de scepticisme qu’il convient de ne pas l’aggraver en compliquant ce qui est somme toute assez simple.  

    TLM : Comment le praticien peut-il concrètement s’engager dans le DPC ?

    Dr M. Tobelem : Le DPC est une démarche permanente qui devrait être ou devenir naturelle. Prendre conscience de chaque élément de sa pratique, le confronter à ce qui est recommandé et justifier les éventuels écarts. Ceci suppose d’informer et accompagner le médecin et que divers supports permettent au médecin d’accéder à l’information, certes, mais si possible, dans le temps même de l’acte médical. Des moyens se mettent en place de tous côtés et, en particulier, à l’Unaformec et dans notre société savante, la SFDRMG, avec les BPP, pour détecter les besoins, ou la BazUriap qui méritent d’être mieux connus. Dans ce DPC consubstantiel de l’acte médical, une petite partie seulement sera financée et indemnisée. On ne peut que le déplorer, car comme on l’aura compris le DPC n’est pas une démarche ponctuelle.  

    TLM: Quel rôle peut jouer le monde associatif ?

    Dr M. Tobelem: Il s’agit de s’adresser à des individus mais aussi à des groupes. Il nous faut former des relais, des accompagnateurs, des coordonnateurs qui aient des capacités à organiser le DPC d’un groupe, c’est-à-dire à recueillir les informations nécessaires, les documents administratifs, à conseiller, parfois même à rassurer. Les groupes jouent un rôle important parce que les médecins ont du plaisir à se rencontrer, à échanger leurs pratiques et qu’ils le ressentent souvent comme une nécessité. Je voudrais, à titre d’exemple, faire état d’une expérience que je vis actuellement à Créteil où nous organisons des cycles thématisés pour les médecins généralistes, d’une heure et demie une fois par semaine pendant trois mois, renouvelés dans l’année, pour 8 à 15 médecins. Ce trimestre, j’anime un groupe autour des recommandations de la HAS. Nous avons établi un programme avec le groupe, à partir du très classique FGP (Fréquence, Gravité, Problèmes), pour 10 séances dont chacun des 10 thèmes correspond à une recommandation. Une semaine avant la séance j’envoie aux participants la recommandation et une liste de critères correspondants. Au cours de la semaine qui précède, sur le thème choisi, ils vérifient si oui ou non ils respectent les critères envoyés. Le jour de la séance il est procédé à un tour de table et demandé à chacun, sur chaque critère, s’il le met en pratique et, dans le cas contraire, d’expliquer pourquoi. Dans ces séances il y a toujours, à la demande du groupe, un référent, spécialiste de la question, qui accepte de travailler autour de la recommandation et de son utilisation par les médecins. Il répond aux questions, informe et assure la formation complémentaire. Dans quelques mois je renverrai les critères sur lesquels nous avons travaillé, pour que le médecin puisse constater leur impact sur les pratiques. Cette expérience, qui n’a pas l’encadrement administratif du DPC, nous a permis de noter un changement de l’état d’esprit des médecins et un enthousiasme nouveau pour la démarche d’évaluation / formation / évaluation. Je pense que c’est une sensibilisation positive à l’obligation de DPC.

    Propos recueillis par B. Maruani

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