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  • Une démarche personnelle du médecin

  • Le terme Développement professionnel continu (DPC) apparaît dans la littérature pour la première fois en 1984 dans une revue scientifique de… vétérinaires1. Depuis, ce terme est consacré dans nombre de pays. De quoi s’agit-il ? Si nous faisons un peu d’histoire, plusieurs termes se sont succédé dans le temps :

    l’Enseignement post-universitaire (EPU) se voulait être la continuation la formation initiale universitaire, par les mêmes enseignants, délivrée d’une manière magistrale à un public autant passif que pendant ses études facultaires.

    • A partir des années 70, le terme de Formation médicale continue (FMC) lui a succédé. Des pionniers comme Guy Scharf, Pierre Gallois et Albert Hercek ont introduit plusieurs notions qui sont devenues un « standard », en rupture avec cette vision passive du perfectionnement des connaissances et des compétences. Il s’agit de trois principes qui perdurent jusqu’à aujourd’hui : les groupes de médecins définissent eux mêmes leurs besoins et organisent leur formation ; la pédagogie par objectifs permet de définir avant la formation les compétences que les participants mettront en œuvre à l’issue de la formation ; enfin la pédagogie active,  qui repose sur des techniques interactives et la dynamique de groupe. Ces trois principes sont jusqu’à ce jour utilisés dans la plupart des formations continues. L’Unaformec, créée en 1978, a été le catalyseur de cette révolution.

     • En 1999, le terme d’Evaluation des pratiques professionnelles (EPP) est venu enrichir notre vocabulaire. Il s’agissait de mettre en œuvre une amélioration des pratiques portant dans un premier temps sur un recueil de ces pratiques, de les comparer à un référentiel, puis de définir des actions d’amélioration, les mettre en œuvre et les suivre dans le temps.

    La définition du DPC portée par le Collège de la Médecine générale, apporte plusieurs notions qui sont novatrices en France2.

    > Le DPC est d’abord une démarche personnelle du médecin :

    • c’est lui qui analyse sa pratique. C’est lui qui réfléchit à ce qu’il fait réellement et aux problèmes qu’il rencontre grâce à des outils de recueil et d’analyse de sa pratique. Les outils sont variés, par exemple : recueil de questions qui se sont posées en consultation, écriture clinique, analyse d’éléments de la pratique à l’aide d’une grille, tableaux de bord, recueil de données, travail sur dossiers, etc.) ;

    • dans un second temps, il confronte son questionnement à des sources de référence (recommandations lorsqu’elles existent, synthèses de la littérature, consensus professionnels) seul ou de préférence en groupe dans le but de progresser ;

    • dans un 3e  temps, il agit pour conforter ou renforcer ses compétences dans une démarche de qualité et sécurité des soins. Dans l’idéal, il suit dans le temps sa pratique pour l’inscrire dans une démarche réflexive continue.

    > C’est le professionnel qui construit son plan de DPC, à partir des besoins qu’il identifie lui-même.

    Si le recueil de ses problèmes et la construction du plan de DPC sont avant tout des démarches individuelles, les associations de DPC constituées et fonctionnant depuis de nombreuses années, ou des groupes de médecins se réunissant régulièrement, sont sans doute le meilleur endroit pour échanger sur ses problèmes, répondre aux questions qui se posent dans la pratique, et utiliser des outils de recueil et d’analyse des pratiques simples et performants. La plupart des associations de FMC sont prêtes aujourd’hui à mettre en œuvre ce DPC, notamment en utilisant les outils que proposent l’Unaformec et la SFDRMG, présentés dans ce dossier.

    Le plan de DPC est donc construit par le professionnel. C’est son outil personnel, et nous souhaitons qu’il le reste.

    Que sera l’obligation de DPC ? Au Canada, où le DPC est obligatoire depuis 2007, c’est sur le plan de DPC que repose l’obligation. En France, dans les textes réglementaires publiés à ce jour, l’obligation porte sur la réalisation d’un programme de DPC par an pour chaque médecin. Le financement prévu ne couvrirait que 2 jours de DPC par an au maximum. Nous savons tous que cela paraît insuffisant pour la plupart des médecins qui se rencontrent déjà régulièrement dans leurs associations de FMC.

    Que changera l’obligation de DPC dans nos pratiques ? Sans doute peu de choses si les médecins ne consacrent que 2 jours par an à leur DPC. Les avancées que représentait l’indemnisation jusqu’à 8 jours de formation par an risquent de disparaître, ce qui serait un recul pour l’ensemble des médecins.

    Que deviendront les associations et les groupes de FMC ? Les associations qui sont un lieu de rencontre et de convivialité pour les médecins, au service de leur formation, continueront à remplir ces missions sous le vocable de DPC. Pour la plupart des associations, déjà rompues à la pédagogie active, cela ne nécessitera que peu d’adaptations. Et si seul un programme de DPC est obligatoire chaque année, cela laisse de la place pour panacher DPC et FMC plus traditionnelle. Cependant, nous pensons à l’Unaformec et à la SFDRMG que le DPC est une véritable avancée parce qu’il  centre le processus sur le médecin lui-même avec son plan de DPC.

    Il nous paraît essentiel de saisir cette chance, pour une nouvelle avancée dans la formation continue aussi importante que l’ont été la pédagogie active et la pédagogie par objectif dans les années 70.

    En conclusion, le DPC n’est qu’une évolution des techniques de formation continue, mais cette c’est une avancée essentielle en centrant le processus sur le médecin lui-même.

    Dr Eric Drahi,
    Trésorier de la SFDRMG

     

    1. Continuing Professional Development for the Veterinary profession. Report of the joint RCVS/BVA working party. Vet Rec. 1984 Jul 21;115(3):65-8.

    2. Collège de la Médecine générale. Le DPC et ses modalités : Enjeux, définitions, méthodes, 4Juin 2012.

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