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  • Une prise en charge hospitalière à part entière

  • Interface entre l’hôpital et la ville, le sanitaire, le médico-social et le social, la HAD occupe une place à part entière dans le système de prise en charge des patients. Reconnue officiellement depuis 1992 comme une alternative à l’hospitalisation, elle représente une prise en charge hospitalière à part entière de malades souffrant de pathologies graves, aiguës ou chroniques. Elle assure au domicile du patient des soins médicaux et paramédicaux importants. Elle a pour objectif de raccourcir, de différer ou d’éviter l’hospitalisation complète. 

    La HAD permet au patient de bénéficier de soins médicaux et paramédicaux continus et coordonnés. Sa vocation est d’être généraliste et polyvalente : cancérologie, orthopédie, périnatalité, neurologie, gériatrie, cardiologie, soins palliatifs, etc. sont pris en charge par la HAD. Ces soins sont prodigués pour une période théoriquement limitée mais révisable selon l’évolution de l’état de santé du patient. Aux termes de l’article L. 6125-2 du Code de santé publique, elle apporte des soins qui « se différencient de ceux habituellement dispensés à domicile par la complexité et la fréquence des actes ». La différence avec un Service de soins infirmiers à domicile (SSIAD), se situe à ce niveau de complexité des soins prodigués. L’on peut ainsi dire que si le patient n’était pas pris en charge au sein d’une structure de HAD, il serait à l’hôpital. Les services de HAD peuvent être gérés soit par des établissements de santé publics ou privés participant au service public hospitalier, soit par des associations ou des structures privées qui passent généralement des conventions avec les établissements de santé. Les HAD ont d’ailleurs le statut d’établissements de santé, et à ce titre elles sont soumises aux mêmes obligations que les établissements hospitaliers avec hébergement.
     
    Une demande croissante de la population pour une prise en charge à domicile
    La HAD se révèle de plus en plus comme une solution de modernisation du système de santé, en alliant à la fois l’aspect financier et humain de la prise en charge. La population française est vieillissante. En 2010 les personnes âgées de plus de 65 ans représentaient près de 25 % de la population et les personnes dépendantes étaient plus de 900 000 en France. La HAD peut être considérée comme un facteur de désengorgement des urgences et des lits hospitaliers, dans un contexte de pénurie de place à l’hôpital ou en maison de retraite et de  désertification des établissements hospitaliers dans les campagnes. L’isolement médical que peuvent ressentir certaines personnes vivant loin des agglomérations peut être réduit grâce à l’intervention de personnels soignants au domicile. Du côté de l’hôpital, le recours à la HAD permet de dégager des capacités d’accueil pour de nouveaux patients, de réduire les durées de séjour, d’augmenter la file active et donc d’améliorer la rentabilité des prises en charge. Ce qui contribue au recentrage de l’hôpital sur ses missions propres : la production de soins nécessitant une hospitalisation complète ou le recours à un plateau technique hospitalier, tout en contribuant à une meilleure articulation avec le secteur ambulatoire.
    Du point de vue financier, et selon une étude publiée par l’IRDS en 2006, « créer par exemple 10 000 places de HAD représenterait, à terme, une économie de près de 350 millions d’euros par an pour les financeurs publics » (1). Pour des soins comparables, le coût d’une journée en HAD est nettement inférieur à celui d’une journée en établissement : 169 euros contre 263 euros (- 35%) pour les soins de suite et de réadaptation (étude de l’IRDES), 234 euros contre 455 euros (- 48%) pour les soins palliatifs (étude de l’ATIH publiée en 2009).
    A cela s’ajoute que la HAD répond à  une demande croissante de la population de prise en charge à domicile. Comme le souligne un récent rapport de l’IGAS (2) : « être soigné à domicile constitue, pour l’immense majorité des malades, un confort moral et matériel indéniable. Cette “ demande de domicile ” s’exprime très fortement pour les soins palliatifs, une forte majorité de français déclarant vouloir mourir à domicile, alors qu’actuellement, moins d’un tiers y décède. Pour les aidants, la HAD évite de supporter les inconvénients de l’hospitalisation classique : trajets domicile-hôpital, ticket modérateur, forfait journalier, promiscuité... Par rapport aux formes plus légères de prise en charge à domicile, elle apporte une aide matérielle et psychologique notable ». Ajoutons que le maintien à domicile permet d’éviter la désocialisation, risque auquel sont particulièrement exposées les personnes âgées et les enfants. D’une façon générale, l’impact sur la santé d’une prise en charge à domicile, en alternative à une hospitalisation complète, est d’autant plus positif que la personne est fragile et que, sans la HAD, le séjour hospitalier aurait été long, avec de multiples allers-retours entre le domicile et l’hôpital. Les innovations thérapeutiques et technologiques autorisent la prise en charge de pathologies de plus en plus lourdes et complexes en dehors des murs de l’hôpital. Elles constituent par là un facteur de développement des soins à domicile. C’est le cas, par exemple, de certaines chimiothérapies intra veineuses qui peuvent être administrées à domicile. La télémédecine et notamment la télésurveillance ouvrent également des pistes prometteuses. 
    Daniel Paré
     
    1. Anissa Afrite, Laure Com-Ruelle, Zeynep Or, Thomas Renaud, « L’hospitalisation à domicile, une alternative économique pour les soins de suite et de réadaptation », Bulletin d’information en économie de la santé, n° 119 - Février 2007, IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de santé).
    2. Rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), « Maintien à domicile », novembre 2010.
     
    Les atouts de la HAD
    • Rester à son domicile tout en recevant des soins lourds. 
    • Maintenir son environnement médical habituel, notamment le médecin traitant.
    • S’assurer de la sécurité de la prise en charge avec des soins continus et coordonnés.
    • Avoir un seul interlocuteur pour les différents besoins.
    • Livraison à son domicile de tous les dispositifs médicaux.
    • Bénéficier d’une équipe pluridisciplinaire (diététicienne, psychologue, assistante sociale, infirmières, aides-soignantes).
    • Bénéficier des soins ou d’interventions 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
     
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