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  • Vers une médecine du 3ème type ?

  • Si pour les uns, ces objets font figure de gadget, d’autres y voient les prémices d’une nouvelle forme de médecine, ces nouveaux outils pouvant s’avérer de précieux alliés tant pour les patients que pour le corps médical. La santé se fait ainsi mobile et participative grâce à des applications —disponibles sur smartphone ou tablette— reliées à un objet dit « connecté ». Définis comme des objets truffés de capteurs qui envoient des informations vers une application mobile ou un service web, ces objets connectés prennent de multiples formes, du bracelet au pilulier intelligent, en passant par la brosse à dents connectée, des capteurs de sommeil, des fourchettes minceur… Associés à des applications mobiles, ils permettent de conserver un historique détaillé de son mode de vie et vont jusqu’à suggérer des améliorations liées à l’activité physique ou à la chronobiologie. En utilisant les smartphones ou tablettes comme passerelles de transmission, ces objets connectés permettent de construire un historique d’auto-mesures, accessible sur son tableau de bord personnel. Mieux encore, ils donnent une vue complète de l’évolution de sa santé. Sport, repas, sommeil sont ainsi étudiés pour compléter —et non remplacer— l’action du médecin dans la mesure de constantes vitales, comme le rythme cardiaque, la pression artérielle ou la prise de médicaments à heures régulières.

    Les innovations les plus fortes se portent sur les bracelets connectés qui peuvent renseigner sur le niveau d’activité physique, mesurer le niveau d’exposition au soleil, enregistrer les battements cardiaques, la qualité du sommeil… Autre innovation intéressante, les vêtements intelligents comme les bodys connectés pour nourrissons qui renseignent sur la température du bébé, le rythme de sa respiration, son humeur, lesquelles informations sont ensuite retransmises sur le smartphone des parents. Au fur et à mesure que les capteurs s’amélioreront et se miniaturiseront, ils mesureront de plus en plus de choses. Il est d’ailleurs probable que, sous peu, des vêtements munis de capteurs alertent le patient de dysfonctionnements éventuels de son métabolisme par une simple analyse de l’odeur ou de la transpiration.

    Un secteur aux  potentialités infinies

    Aujourd’hui, les objets connectés révolutionnent l’univers des patients en les aidant dans leur vie quotidienne. D’une part, ils permettent de suivre et d’améliorer sa santé, certains pouvant s’intégrer dans une stratégie de prise en charge globale du patient (prise du traitement, contrôle de la tension, de la fréquence cardiaque, mesure de la glycémie…). D’autre part, ils offrent une fonction de dépistage et des possibilités d’alerte: c’est le cas par exemple des piluliers intelligents qui émettent un signal sonore dès lors que le patient oublie une prise. Lors du rendez-vous médical, les données enregistrées sont alors communiquées au médecin, qui dispose de renseignements aidant au diagnostic. Aux données qu’il mesure dans son cabinet lors de la consultation, il peut ajouter les données des jours précédents fournies par l’objet connecté. Enfin, ces objets connectés permettent de mieux prendre en main sa santé en se fixant des objectifs, et en suivant petit à petit, par différentes mesures, leur atteinte. En ce sens, ils se posent comme d’excellents outils de coaching. Mieux s’écouter, mieux suivre ses propres indicateurs de santé permet un diagnostic précoce des maladies et une meilleure observance des traitements. Les objets connectés se posent dès lors comme de précieux outils de prévention en matière de santé.

    Une nouvelle orientation pour la médecine

    Si ces objets connectés permettent d’autonomiser les patients, ils offrent également une plus grande personnalisation de la médecine. Par exemple, le tensiomètre connecté permet de suivre de manière continue dans le temps l’évolution de sa tension et donc de tester l’efficacité de tel ou tel traitement entre deux visites médicales, ce qui constitue un atout considérable pour le médecin ou le pharmacien. Mieux encore, grâce aux objets connectés, l’hospitalisation à domicile est facilitée. Ainsi, de nombreux outils sont à l’étude pour suivre les patients à distance au moyen de capteurs transférant les données de santé du patient en temps réel au médecin. Certains hôpitaux sont déjà équipés, comme l’hôpital Georges Pompidou à Paris, qui utilise des tensiomètres connectés.

    A ce jour, les spécialistes planchent déjà sur des projets plus poussés comme la gélule qui, une fois avalée, permet de mesurer et de transmettre toutes les 30 secondes la température du corps via une technologie de radiofréquence. L’objectif n’est pas mince, puisque cela permettrait de prévenir les infections post-opératoires, ces objets connectés facilitant la connaissance de ce qui se passe en sortie d’hôpital. Cette connaissance rendrait ainsi la rééducation plus aisée et permettrait d’intervenir à temps pour éviter les ré-hospitalisations. Cela profiterait au patient et permettrait, au passage, de diminuer les dépenses de santé.

    Enfin, la démocratisation des objets connectés réduit considérablement le coût d’un suivi à distance des maladies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, hypertension…), chaque patient pouvant faire suivre les données à son médecin via son smartphone.

    A terme, les objets connectées vont se développer et déjà les plus grands acteurs —Apple, Google, LG, Samsung, Sony— se lancent sur ce marché estimé à près de 8 milliards d’euros dans quatre ans. Reste toutefois un sujet sur lequel il faudra se montrer particulièrement vigilant ; il s’agit évidemment des données de santé des utilisateurs, les objets connectés étant commercialisés dans différents pays. Si les données sont protégées par des cadres réglementaires stricts en Europe et aux États-Unis, qui interdisent de partager les données nominatives sans le consentement explicite des utilisateurs, il n’en va pas de même dans tous les pays, et il serait important d’établir des process de qualité garantissant une parfaite sécurité relative à l’utilisation de ces données.

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