• Numéro TLM 71
  • Les Psychotérapies

Spécialité : Psychiatrie, Psychologie

Date : 15/04/2008

Les Psychotérapies
Les psychothérapies ou comment « éclaircir le ciel si sombre… » Les psychothérapies se portent bien. Pour preuve : la multiplicité des offres, le choix des « techniques », l’extraordinaire éventail des propositions de « soins » ; ces derniers ont même atteint une telle envergure que les praticiens et les patients sont souvent dans une expectative inquiète, hésitant, les uns comme les autres, à « passer à l’acte », tant la confusion est grande… Le législateur ne s’y trompe d’ailleurs pas, qui veut réglementer ce qui apparaît pour certains comme une jungle inextricable (plus de 250 types de « psychothérapies » différentes peuvent ainsi êtres recensés…). Alors que penser de tout cela, lorsque l’on connaît l’importance de la parole et de l’écoute dans la fonction de soins ? Lorsque l’on sait aussi que l’«écoute», précisément, vient en toute première place lorsque l’on interroge les patients sur leurs attentes au cours d’une consultation chez leur médecin ; écouter, soulager, guérir…, Voilà ce qui vient généralement en tête. Et puis, on peut remonter loin dans l’histoire des hommes, et retrouver avec constance l’importance de cette parole qui peut soigner et guérir. Dans la Grèce antique, depuis Antiphon le sophiste (Vème siècle avant J.C.) en passant par Hippocrate, l’écoute, la parole, la catharsis, le « transfert », même s’ils se présentent sous d’autres termes, ont été utilisés et le resteront probablement tant que les êtres humains auront des problèmes psychologiques ou existentiels. Ainsi Montaigne, dans les Essais (III, XIII) affirme : « Je tiens pour vrai que les songes sont loyaux interprètes de nos inclinations, mais il y a de l’art à les assortir et entendre ». Interprétation, écoute, association, liens entre rêves et psychisme, sont déjà présents dans cette phrase… ; bien d’autres auteurs encore les avaient déjà évoqués… Alors, plus prosaïquement, il paraît indispensable à tout médecin de savoir utiliser, comme il le ferait de n’importe quel médicament, l’extraordinaire panel des « psychothérapies », de distinguer le « bon grain de l’ivraie » et d’aider son patient, lui aussi, à s’y retrouver. Comme l’énonce avec humour, Christophe André dans la préface de l’ouvrage « L’apprentissage du bonheur» (Tal Ben-Shahar, Editions Belfond) pourquoi ne pas utiliser la notion de SPR –Service Psychologique Rendu– comme on utilise celle de SMR – Service médical Rendu- lorsqu’il s’agit d’un médicament ? On pourra trouver dans ce dossier de TLM quelques pistes, exemples ou recommandations permettant d’éclaircir ces propos. En sachant que rien ici n’est exhaustif ; les psychothérapies de type analytique, qu’elles soient classiquement « freudiennes » ou plus marquées par l’influence de Lacan, persistent tel le « socle » de toutes psychothérapies ; mais on utilise maintenant, parfois de façon complémentaire, les thérapies comportementales et cognitives, d’apparition beaucoup plus récente et d’utilisation aisée et rapide en médecine générale. Leur niveau d’impact sur le psychisme n’est pas le même, mais pour différent qu’il soit –agissant sans doute plus sur les symptômes que sur leurs causes profonde – ils n’en restent pas moins d’une grande utilité… Cependant, prudence… Ces deux types de thérapies qui ont certainement comme objectif commun le mieux être du patient utilisent des chemins différents pour arriver au même but ! et on ne trouvera ici ni hiérarchie, ni comparaison, ni jugement… Le seul point commun reste le désir d’améliorer l’état de patients inquiets, anxieux ou dépressifs, victimes de TOC, de phobies, ou simplement névrosés par la vie ; l’apport essentiel qu’il faut retenir de ces méthodes réside avant tout dans la confiance et la qualité de l’ »écouteur », du thérapeute et ceci plus que dans l’ »école » à laquelle il appartient, ou dans la « technique » dont il va employer. C’est en tout cas ainsi, que peut se résumer l’utilisation des psychothérapies, en pratique quotidienne. Pour ne pas se perdre dans la jungle, il vaut mieux avoir un bon guide… Celui-ci ne doit pas être un « maître à penser » ni un « gourou », mais un soignant, un « thérapeute » (au sens de « therapia » : prendre soin), un accompagnant en quelque sorte. Il saura lever les résistances, aider à « défouler » le refoulé, à faire gagner du terrain au « conscient » sur l’ « inconscient »,imaginant ces deux éléments comme une île déserte ( le conscient) perdue dans l’océan (l’inconscient), et qui, chaque fois qu’elle s’agrandit même un peu —grâce au travail sur soi—, gagne sur l’immensité environnante et peut apporter un peu plus de clarté, de vérité et pourquoi pas de bonheur ! Au-delà de l’ « égologie », du dépassement de l’avidité, c’est donc de compréhension qu’il s’agit, de l’autre bien sur, mais avant tout de soi-même ; et l’on peut retrouver ici, la dimension cathartique des psychothérapies qui, comme pouvait l’écrire Shakespeare, nous disent qu’ « un ciel si sombre ne s’éclaircit pas sans une tempête ». Alors, Médecin, connais-toi toi-même pour comprendre les autres, les écouter et les entendre…et provoquer, peut être, cette « tempête » contrôlée, bien sûr, salvatrice et thérapeutique, quand elle se produit... Pour nous médecins, ne pas comprendre les paroles exprimant le psychisme malade, serait comme jeter une lettre sans avoir voulu l’ouvrir. Son contenu nous sera à jamais ignoré ! Et pourtant, notre devoir de médecin est bien, d’écouter et accompagner toujours l’Autre, celui qui souffre pour plus de bien-être et de sérénité ! les psychothérapies en sont l’un des moyens. Apprenons à les utiliser !

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