En France, plusieurs millions de personnes souffrent de pathologies ORL ou bronchiques, souvent chroniques. Les cures thermales en voies respiratoires procurent — aux dires des patients eux-mêmes — des bienfaits indiscutables en termes de soulagement des symptômes et d’amélioration de la qualité de vie. Focus avec le Dr Didier Brunschwig, médecin thermal à Bagnères-de-Bigorre et l’un des six derniers médecins thermaux ORL en exercice en France.

TLM : Pour quelles pathologies la cure thermale en voies respiratoires est-elle pertinente ?

Dr Didier Brunschwig : La cure thermale en voies respiratoires permet de traiter des pathologies ORL telles que les otites séreuses, les sinusites, les pharyngites et les trachéites chroniques, les angines à répétition, les polyposes nasales. Elle est aussi indiquée pour les pathologies des bronches, l’asthme, les allergies. L’objectif est d’enrayer la chronicité des affections tout en stimulant et en renforçant le système immunitaire, en complément d’un traitement de fond.

TLM : De quelle façon la cure thermale agit-elle sur les voies respiratoires ?

Dr Didier Brunschwig : Le traitement thermal des voies respiratoires met les produits hydrothermaux au contact direct des tissus lésés, ce qui contribue à dégager les voies respiratoires, faire disparaître les sécrétions, assainir la gorge et le nez. Le mucus est fluidifié, les muqueuses sont nettoyées en profondeur, ce qui favorise leur régénération et apaise les inflammations. Par le biais de l’inhalation, les principes actifs naturels de l’eau thermale se déposent sur les muqueuses, améliorant et restaurant la qualité des tissus et protégeant l’organisme contre les agressions. Par exemple, l’eau soufrée, l’un des produits hydrothermaux, renforce l’état immunitaire et favorise ainsi une amélioration des capacités respiratoires perceptible pendant plusieurs mois. La cure thermale, c’est une thérapie naturelle, sans effets indésirables. La cure thermale invite le patient à être proactif, en lui expliquant qu’elle lui permet d’assainir son système respiratoire et de prévenir l’aggravation des troubles.

TLM : Comment se déroule une cure thermale en voies respiratoires ?

Dr Didier Brunschwig : Une cure thermale dure trois semaines, avec des soins quotidiens, sauf le dimanche, soit 18 jours de soins. En voies respiratoires, le quatuor gagnant est le suivant : lavage de nez, gargarismes, aérosols et humages. L’aérosolthérapie, dont le principe repose sur la fragmentation de l’eau thermale en fines particules afin d’assurer la pénétration, la diffusion et la fixation des principes actifs de l’eau thermale au niveau de la muqueuse respiratoire, semble particulièrement efficace. D’autres soins sont réalisés par un kinésithérapeute ou un médecin thermal.

En ORL, nous, médecins thermaux, pratiquons ainsi la douche pharyngée, le lavage des sinus ainsi que l’injection de gaz thermal par voie nasale dans l’orifice de la trompe d’Eustache, en vue de soigner les pathologies de l’oreille. La cure thermale comprend donc, en fonction des pathologies : l’administration de l’eau thermale comme médicament, compte tenu de ses vertus antiseptiques et antiallergiques, ainsi qu’un traitement physique permettant d’évacuer les sécrétions et détritus, favorisant la mécanique ventilatoire.

Au-delà des soins, une cure thermale, c’est aussi tout un environnement… u Tout à fait. La climatothérapie est également propice au bien-être respiratoire, avec l’air des montagnes, moins pollué, pauvre en germes et en allergènes. Une cure thermale permet de réduire la consommation de médicaments, les risques de récidives et de prendre des bonnes habitudes de vie, notamment pour les enfants. C’est aussi l’occasion de mettre en place une démarche d’éducation thérapeutique et de rééducation, particulièrement pertinente dans les affections bronchiques.

TLM : Les cures thermales en voies respiratoires sont-elles aussi indiquées pour les enfants ?

Dr Didier Brunschwig : Oui, particulièrement, et ce dès l’âge de trois ans. De nombreux enfants souffrent d’asthme, d’otites à répétitions, d’angines, d’allergies. La cure thermale leur apporte un soulagement face à la chronicité de leurs pathologies. Il y a quelques décennies, les enfants représentaient jusqu’à 80 % de l’activité de certains centres thermaux dotés de structures d’hébergement. Aujourd’hui, c’est beaucoup moins le cas, notamment parce que, dans nombre de familles, les deux parents travaillent et ne peuvent se libérer plusieurs semaines.

TLM : Au regard de leurs vertus, pourquoi les cures thermales ne sont-elles pas plus nombreuses ?

Dr Didier Brunschwig : D’année en année, il y a de moins en moins de prescripteurs. Les étudiants en médecine ne sont pas formés à la médecine thermale ou alors juste une heure en six années d’enseignement. Ceux qui prescrivent une cure le font souvent à la demande des patients. Des patients convaincus et qui soulignent pourtant à leur retour de cure à quel point ils se sentent mieux après !

Propos recueillis

par Solène Penhoat ■

NDLR : 97% des patients déclarent avoir bénéficié d’effets positifs durables sur plus de six mois consécutivement à leur cure, selon l’enquête TMS Healthcare 2006 réalisée auprès de 112 000 personnes.

© Michael Mollier