Actuellement pris en charge dans le cadre du forfait innovation, le traitement du cancer localisé de la prostate par HIFU repose sur l’administration d’ultrasons focalisés de haute intensité.

Le Dr Harry Toledano, chirurgien urologue au CH de Martigues et à l’APHM Nord, présente cette technique mini-invasive.

TLM : En quoi consiste le traitement par HIFU ?

Dr Harry Toledano : Il s’agit d’une technique innovante dite ablative. Elle consiste à détruire les cellules tumorales de la prostate par effet calorifique à l’aide d’un faisceau d’ultrasons de haute intensité. En effet, la destruction des tissus visés se fait grâce à une élévation brutale de la température dans la zone traitée, préalablement définie par échographie et IRM. De manière générale, le traitement par ultrasons focalisés de haute intensité, et notamment le dispositif FocalOne®, permet un traitement précis de la zone ciblée. On assiste à une véritable personnalisation de la prise en charge de ce type de cancer.

TLM : Tous les patients sont-ils éligibles à cette approche ?

Dr Harry Toledano : Conformément aux recommandations de l’Association française d’urologie (AFU), cette technique s’adresse aux hommes atteints d’un cancer localisé de la prostate de faible risque ou de risque intermédiaire. Elle a bénéficié d’un Forfait Innovation, un dispositif temporaire visant à faciliter l’accès précoce des patients à des technologies médicales innovantes. Dans ce cadre, la technique a été évaluée lors de l’étude clinique HIFI, sponsorisée par l’AFU, dont les résultats positifs ont été récemment publiés dans European Urology. La Haute Autorité de santé a approuvé récemment la création d’un acte chirurgical dédié. La dernière étape attendue reste l’instauration du remboursement, ce qui permettra d’élargir les options thérapeutiques disponibles pour les urologues.

TLM : En quoi cette technique est-elle innovante ?

Dr Harry Toledano : Le traitement par ultrasons focalisés est plus court et plus confortable que la radiothérapie puisqu’il ne nécessite qu’une seule séance (dont la durée varie en moyenne entre 15 et 90 minutes, selon la taille de la zone traitée) qui se déroule au bloc opératoire par voie transrectale échoguidée, sous anesthésie générale ou sous rachianesthésie. Il est également beaucoup moins invasif que la chirurgie, notamment. Enfin, ce type de traitement entraîne moins d’effets indésirables que les traitements de référence, et permet de préserver la continence urinaire et les bandelettes vasculo-nerveuses qui constituent les substrats de la fonction sexuelle. La préservation de la qualité de vie des patients est un point crucial qui devient désormais possible.

Propos recueillis

par Marie Ruelleux ■