• Dr Jacques Martini : Pied diabétique : Ce qu’il faut savoir

Jacques Martini

Discipline : Métabolisme, Diabète, Nutrition

Date : 10/04/2024


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« Le pied doit être systématiquement examiné et le risque d’ulcération mesuré afin d’orienter, si nécessaire, le patient en prévention vers le pédicure-podologue », indique le Dr Jacques Martini, du service de Diabétologie-Maladies métaboliques-Nutrition de l’hôpital Rangueil à Toulouse.

 

TLM : Quelles sont les manifestations pathologiques du pied diabétique ?

Dr Jacques Martini : Elles sont silencieuses au départ. Le pied diabétique est la conséquence d’une neuropathie périphérique entraînant une perte de sensibilité à la douleur et à la chaleur. Le pied n’est plus en capacité d’alerter du risque traumatique. La neuropathie est liée en grande partie à l’histoire hyperglycémique du patient. Les conséquences sont l’apparition de plaies indolores ou de troubles liés à l’hyper-appui provoquant des déformations ainsi que la survenue d’une hyperkératose aux zones de pression non ressenties par le patient. Cette absence de douleur favorise le retard de prise en charge et l’aggravation de la plaie mais également, pour le patient, une incompréhension et une difficulté dans l’adhésion au traitement central qui consiste à supprimer l’appui et les contraintes mécaniques.

 

TLM : Quel est le risque d’ulcérations ?

Dr Jacques Martini : Entre 20 et 25 % des personnes diabétiques sont à très haut risque d’ulcération (grade 2 et 3). Le grade 2 — pas encore de plaie mais une association de paramètres comme la neuropathie, l’artérite et ses déformations — correspond à une augmentation du risque d’ulcération. Le grade 3 est le suivi en prévention secondaire après amputation ou ulcération chronique. Le niveau de récidive dans ce cas est de 60 à 80 % à trois ans. Il est conditionné par la qualité de la prise en charge.

 

TLM : Quel est le rôle du médecin généraliste ?

Dr Jacques Martini : L’équilibre glycémique précoce et le dépistage annuel du risque lésionnel constituent un double enjeu. L’examen clinique du pied intégrant le test au monofilament définit le niveau de risque d’ulcération (grade de 0 à 3). Des soins de prévention — autoexamen des pieds, hydratation de la peau, appareillages de type orthèse plantaire ou chaussures protectrices adaptées au niveau de risque — doivent être mis en place. Les patients à haut risque sont orientés vers les pédicures-podologues qui instaurent un suivi tous les deux à deux mois demi, en fonction du niveau de risque (forfait podologie pris en charge par la Sécurité sociale). La plaie du pied diabétique est toujours une urgence médicale nécessitant la mise en place d’une procédure rapide et efficace pour en limiter les conséquences.

Propos recueillis

par Alexandra Van der Borgh

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